REC 2021
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REC 2021

Crédits

Apprendre à douter avec l'esprit critique.

🔗 harishs. Pixabay License.

REC 2021

Cet article développe mes pensée et mes sentiments sur le REC 2021. REC pour Rencontres de l’Esprit Critique. Cet événement constitue un festival d’éducation pour toutes et tous dédié à l’esprit critique, au scepticisme dans plusieurs domaines de la vie quotidienne.

Pour commencer, je met en avant l’événement avec son affiche et ses informations. Puis, je présente le sommaire de cet article.

ÉVÉNEMENT
Source de la bannière : 🔗 https://www.piqsels.com/fr/public-domain-photo-irupj
Source de l’affiche : 🔗 https://www.facebook.com/REC2021TLSE/
TitreREC 2021 (Les Rencontres de l’Esprit Critique 2021)
DateSamedi 18 septembre 2021
LieuCentre Diagora à Toulouse-Labège
Manifestehttps://www.rec2021.com/wp-content/uploads/2021/09/Manifeste.pdf
Programmationhttps://www.rec2021.com/wp-content/uploads/2021/08/2021-08-30-programme-rec-version-print2.pdf
Mots-cléesprit critique, zététique, scepticisme, science, connaissance, démarche scientifique, vérité, croyance, empathie, doute, conscience
Information Je suis adhérente de l’association ALDERAN à Toulouse.

1. Mon intérêt personnel

Adhérente depuis plusieurs années à l’association ALDERAN et assistant à quelques événements du Cercle Zététique du Languedoc-Roussillon (CZLR), je suis sensible aux questions de société touchant à l’esprit critique et suis à l’écoute de toute manifestation ou rassemblement permettant de partager des témoignages sur le sujet. Fin août, j’ai eu vent de la tenue des Rencontres de l’Esprit Critique par Facebook et ai décidé naturellement d’y participer, d’autant que son programme est alléchant 🙂

Pour en savoir plus sur ces associations :

J’ai pu croiser durant la journée la présidente du Cercle Zététique Languedoc-Roussillon, Dominique Bouette, venue de Montpellier pour assister à cette première du REC. Salutations à tou·tes les adhérent·es des associations de zététique !

2. Le programme des REC 2021

2.1. La programmation des activités

Le programme dans l’hémicycle est destiné à un public familial :

Le programme dans l’amphithéâtre est destiné à un public plus averti :

Le programme des activités de ce festival est à découvrir dans ce document au format PDF : REC2021_Programme_activites.pdf

2.2. Le manifeste

Le manifeste de ce festival est à découvrir dans ce document au format PDF : REC2021_Manifeste.pdf

2.3. Mon choix personnel

Pour couvrir ce festival, à partir de la programmation, j’ai choisi les activités suivantes :

  1. L’esprit critique aujourd’hui
  2. C’est quoi l’esprit critique ?
  3. Comment exprimer son désaccord et débattre avec intelligence
  4. Idées reçues autour du corps humain
  5. Esprit critique et santé
  6. Esprit critique et éducation
  7. Esprit critique et information

3. Ma journée à l’événement

La journée a commencé avec l’inauguration de l’événement, une table ronde avec quatre invités : Laurent Chérubin, maire de Labège, conseiller régional et vice-Président en charge du développement et de l’animation économique du Sicoval, la communauté d’agglomération du sud-est toulousain, Victor Denouvion, président de Haute-Garonne Numérique et conseiller départemental, Jacques Oberti, maire d’Ayguesvives, président de Sicoval et ingénieur agronome, spécialiste des systèmes d’information de profession et Marc Sztulman, conseiller régional de l’Occitanie, avocat et enseignant-chercheur à l’université Toulouse 1 Capitole. Cette table ronde est animée par Boris Georgelin, installé au centre sur la photo ci-dessous, comme pour toutes les différentes tables rondes qui auront lieu dans l’amphithéâtre du centre Diagora au cours de la journée.

Durant la journée, j’ai pris le temps d’écrire des notes sur un petit cahier dont je partage dans cet article de mon blog quelques éléments que j’espère constructifs et consistants pour une réflexion ouverte et solide.

Inauguration de l’événement REC 2021 au centre Diagora de Toulouse-Labège.
Sonia Kanclerski. Canon IXUS 220 HS. CC0.

Voici un lien vidéo youtube sur cette inauguration des Rencontres de l’Esprit Critique, premières du nom :

REC2021 – Conf N°1 : inauguration du REC 2021 à Toulouse-Labège.

Pour ma part, je suis arrivée vers la fin de ce lancement inaugural. Suffisant pour écouter et retenir trois propos de Marc Sztulman.

L’individu moyen avait moins de 45 secondes de concentration continue sur un sujet déterminé et que depuis 20 ans, on a perdu 6 secondes de concentration.

Marc Sztulman, REC 2021, 18 septembre 2021 [~10:40]

La raison du plus simple est toujours la meilleure.

Marc Sztulman, REC 2021, 18 septembre 2021 [~12:30].

Je me suis demandé quel était le premier héros, la première figure de la littérature à avoir adopté ce type de pensée, cette pensée de l’envers du décor, cette pensée simpliste, cette pensée finalement qui croit tout ce qu’il pense, […] c’est Don Quichotte.

Marc Sztulman, REC 2021, 18 septembre 2021 [~13:45]

Place maintenant aux différentes tables rondes et autres activités de la journée 🙂

3.1. L’esprit critique aujourd’hui

La table ronde suivante dans l’amphithéâtre du centre Diagora de Toulouse-Labège a interrogé la notion d’esprit critique avec quatre invité·es : Pauline Bouty de la chaîne La mal biaisée, Clément Frèze, mentaliste, réalisateur, auteur, Thomas C Durand de la chaîne La Tronche en Biais et Samuel Buisseret de la chaîne Mr. Sam.

Table ronde Qu’est-ce que l’esprit critique aujourd’hui ? dans l’amphithéâtre du centre Diagora de Toulouse-Labège.
Sonia Kanclerski. Canon IXUS 220 HS. CC0.

J’ai suivi les premières quarante minutes de la discussion dont voici un lien vidéo youtube : REC2021 – Conf N°2 : qu’est-ce que l’esprit critique aujourd’hui ?

REC2021 – Conf N°2 : qu’est ce que l’esprit critique aujourd’hui ?

L’expression phare du jour : l’esprit critique

Je partage une définition d’un invité de la table ronde, Thomas C Durand, Acermendax, de la chaîne Youtube La Tronche en Biais, énoncée vers [04:50].

L’esprit critique est la capacité d’évaluer la qualité épistémique des choses qu’on consomme, de savoir si une information que l’on reçoit est crédible ou pas, et donc d’être capable d’aller plutôt vers les sources. […]

Thomas C. Durand, REC 2021, 18 septembre 2021.

Alors que les invité·es étaient en train de partager leur vision, leur conception de l’esprit critique, la curiosité m’a saisie pour aller zieuter ce qu’il se passe dans l’hémicycle et comment le sujet est abordé avec les enfants… Direction donc l’hémicycle du centre Diagora.

3.2. C’est quoi l’esprit critique ?

La thématique y est la même ; il s’agit de définir l’esprit critique pour un public plus jeune. Cette table ronde destinée donc aux enfants est animée par Jean-Michel Abrassart, docteur en psychologie, podcast Scepticisme scientifique, auteur de Zack et Zoé, zététiciens en herbe. J’y arrive au moment de la fin de la diffusion d’un petit documentaire sur la pseudo-existence du monstre du Loch Ness.

Table ronde C’est quoi l’esprit critique ? dans l’hémicycle du centre Diagora de Toulouse-Labège.
Sonia Kanclerski. Canon IXUS 220 HS. CC0.

Voici le lien youtube de la table ronde enfant : C’est quoi l’esprit critique ?

REC2021 : C’est quoi l’esprit critique ?

Au cours de son intervention, le conférencier partage lui aussi des définitions de l’esprit critique et de la pensée critique dont à l’heure actuelle il n’existe pas semble-t-il de consensus.

Un ensemble d’attitude et un ensemble de procédés, d’habitudes que l’on prend pour aborder les choses.

Site web du ministère de l’Éducation Nationale.

Le conférencier insiste sur l’importance de l’attitude. Les procédés, les habitudes, ce sont des compétences que l’on peut acquérir (école, entourage, livres, Internet) mais l’attitude, le comportement permettant de faire preuve d’esprit critique dépend de sa motivation, de son intérêt, de sa concentration.

L’esprit critique est défini comme l’ensemble des capacités qui permettent d’évaluer la qualité épistémique des informations disponibles en vue d’une prise de décision, et de calibrer correctement sa confiance en ces informations selon les résultats de l’évaluation.

« Définir et éduquer à l’esprit critique », Pasquinelli E., Farina M., Bedel A., Casati R., Rapport ANR (P. 4), 2020.

Le conférencier partage aussi une définition de la pensée critique.

La pensée critique est la disposition d’esprit qui consiste à chercher naturellement à critiquer les informations (attitude), et la capacité technique de pouvoir le faire si on y est disposé (compétences).

Jean-Michel Abrassart, REC 2021, 18 septembre 2021.

Le conférencier partage un point histoire : l’émergence du scepticisme scientifique et de la zététique.

Comité para fondé en 1949,
Commitee for Skeptical Inquiry en 1976,
La zététique d’Henri Broch dans les années 1980.

Jean-Michel Abrassart, REC 2021, 18 septembre 2021.

Durant cette table ronde, le conférencier fait diffuser un petit documentaire de Discovery channel sur la pseudo-existence du monstre du Loch Ness (vers [~10:39]), et, juste avant sa diffusion, propose de réfléchir aux compétences de l’esprit critique à mettre en œuvre : quoi faire après avoir regardé un tel documentaire ?

Parmi les actions, aller sur l’encyclopédie Wikipédia pour avoir des informations plus neutres que celles données par le documentaire, douter des données, se poser des questions sur le contenu : « Et si c’était une trompe d’éléphant ? Cela pourrait être autre chose que le monstre du Loch Ness… « , chercher des arguments fallacieux : le documentaire montre toujours la même image du monstre alors qu’il est dit par ailleurs qu’il existe des milliers de témoignages, la forme du documentaire qui est sensationnaliste qui doit donc inviter à la méfiance, à la suspicion, par exemple.

Et donc, une liste non-exhaustive de compétences [~19:10] peut être :

  • Évaluer la plausibilité et la pertinence d’une affirmation,
  • Évaluer la fiabilité de la source (éducation aux médias),
  • Évaluer les contenus d’une affirmation (preuves à l’appui),
  • La rhétorique (arguments fallacieux),
  • La logique, la manière de raisonner (raisonnements),
  • La méta-cognition (réflexion personnelle).

La pensée critique est donc selon lui un mélange de deux choses : la méthode scientifique et la philosophie.

Le conférencier fait ressortir deux remarques concernant l’esprit critique :

  1. l’esprit critique demande des connaissances dans le domaine que l’on examine,
  2. l’esprit critique n’est pas quelque chose que l’on possèderait définitivement pour tous les domaines.

Le conférencier partage pour finir des ressources à destination des enfants : Contes philosophiques racontés par mon chat, Les p’tits philosophes, Zack et Zoé, zététiciens en herbe, une série de livres pour initier à la zététique dont il est l’auteur, et à destination des adolescents : Martin et le gourou, Les secrets des sorciers, Crédulité et rumeurs.

3.3. Comment exprimer son désaccord et débattre avec intelligence

Vers 11 h, c’est l’heure d’une nouvelle table ronde dans l’hémicycle du centre Diagora, animée par le youtubeur et auteur Nathan Uyttendaele de la chaîne Le chat sceptique. Celle-ci aborde la question du désaccord : que faire quand nous sommes en désaccord avec la personne avec qui nous sommes en train de parler ? Le conférencier nous invite à réfléchir ensemble à la question et propose un outil « facilitateur »… pour exprimer son désaccord avec intelligence 🙂

Table ronde Comment exprimer son désaccord et débattre avec intelligence dans l’hémicycle du centre Diagora de Toulouse-Labège.
Sonia Kanclerski. Canon IXUS 220 HS. CC0.

Je partage le lien youtube de la table ronde enfant : Comment exprimer son désaccord et débattre avec intelligence.

REC2021 : Exprimer son désaccord avec intelligence.

Le conférencier commence par présenter plusieurs exemples de discussions, réactions, débats où il y a un désaccord : aimer les saisons de Game of Thrones mais pas la dernière, l’efficacité de l’acupuncture, une réaction via une vidéo sur le documentaire Hold-up, un droit de réponse sur un livre mettant en cause l’existence de Dieu, entre autres.

Durant son intervention, le conférencier partage des définitions sur les notions suivantes :

Réfuter X : démontrer que X est faux.

Contredire : dire le contraire de ce que dit quelqu’un ; cela peut aussi consister à dire autre chose et non exactement le contraire.

Démentir : en réaction à une accusation, dire que celle-ci est infondée.

Sophisme : raisonnement qui apparaît comme valide mais ne l’est pas. Souvent utilisé, dans le but de tromper.

Nathan Uyttendaele, REC 2021, 18 septembre 2021.

Pour exprimer son désaccord et débattre dans un climat apaisé, le conférencier propose d’utiliser un outil facilitateur permettant un dialogue constructif s’il est utilisé à bon escient : la cible de Graham. (Tout est dans ‘utilisé à bon escient’. Sourire 🙂 )

La cible de Graham est une représentation légèrement différente de la pyramide de Graham, avec comme but principal de maximiser les chances de découvrir la vérité, en visant le plus possible le centre de la cible.

Nathan Uyttendaele, Wikipédia FR, printemps 2019.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nathan_Uyttendaele#Cible_de_Graham

La cible de Graham.
https://fr.tipeee.com/chatsceptique/news/60905
Nathan Uyttendaele, Le chat sceptique.

Un moment ludique…

Pour montrer le principe de l’outil, le conférencier a écrit une petite histoire : la vice-présidente d’une compagnie tient un discours devant une assemblée de salarié·es pour expliquer les actions à suivre en vue d’améliorer les résultats de l’entreprise ; à la fin, plusieurs salarié·es réagissent à ses propos. Plusieurs participant·es à la table ronde présent·es dans l’hémicycle lisent plusieurs réactions et nous devons ensuite identifier où la réaction tombe dans la cible de Graham.

Bien sûr, l’auteur-youtubeur mentionne que cet outil doit être utilisé de manière non naïve, …avec intelligence donc.

Pour finir ce paragraphe, une anecdote personnelle

En évoquant cette table ronde à la maison, j’apprendrai que la bibliothèque familiale contient l’ouvrage… L’art d’exprimer son désaccord sans se fâcher de… Nathan Uyttendaele, puisque mon époux se l’est offert dernièrement 🙂

L’art d’exprimer son désaccord sans se fâcher, Nathan Uyttendaele, (illustration Adelina Kulmakhanova), Belin éditeur, 2020, 174 p., 12 × 20 cm (ISBN 2410017746, EAN 978-2-41001-7748).


Tic, tac… C’est l’heure de la pause-déjeuner. Connaissant le coin, j’ai quitté le centre Diagora pour aller manger à un restaurant japonais à moins de dix minutes à pied.


3.4. Idées reçues autour du corps humain

Après le déjeuner, je reviens à l’hémicycle pour une nouvelle table ronde : Idées reçues autour du corps humain, animée par deux invité·es : Jean-Noël Vergnes, dentiste hospitalo-universitaire et Fantine, interne de médecine générale.

Je partage le lien youtube de la table ronde enfant : Idées reçues autour du corps humain.

REC2021 : Idées reçues autour du corps humain.

Dans cette table ronde, une série d’affirmations sont citées au public qui doit trancher : vrai ou faux.

  1. Quand on est mineur, un des parents doit être présent et le médecin peut répéter ce qu’on lui dit aux parents. [04:30]
  2. La première fois qu’on fait l’amour, ça fait forcément mal. [14:09]
  3. Écouter de la musique trop fort peut abîmer les oreilles et rendre sourd. [10:15]
  4. Pour mincir, il faut bannir la viande et les produits sucrés et gras. [19:07]
  5. Un verre de vin et un shot de vodka contiennent la même dose d’alcool. [29:09]
  6. La pilule rend stérile et donne le cancer. [36:22]
  7. A l’oral : au niveau du brossage dentaire, on se brosse les dents pour avoir la bouche propre. [36:50]

Les invité·es justifient chaque réponse en apportant des informations détaillées, des connaissances sur le thème abordé par l’affirmation. J’ai fait un sans-faute. Youpi ! 🙂 Et vous ?

Et enfin, le mot empathie est cité pour la première fois dans cette journée. Ouf ! 🙂 (Je suis soulagée car j’estime que dans une conversation entre humain·es, notamment quand il peut y avoir de l’animation due aux émotions ressenties, l’empathie est une compétence incontournable pour que la discussion ne dérive pas en une dispute, une altercation ou un pugilat.). Le dentiste mentionne l’empathie avec les mots suivants :

Et donc, pensez à ça dans les deux sens, vous, les petits enfants ici, vous n’aimez pas avoir mal, et parfois ce que vous faites peut faire mal à d’autres aussi, et donc quand vous sentez que vous faites mal à quelqu’un, mettez-vous à sa place, ça s’appelle, c’est un mot qui s’appelle l’empathie. Se mettre à la place de l’autre. Se mettre à la place de l’autre, c’est une vraie compétence qu’il est important pour les enfants d’en favoriser le développement. Savoir que vous faites mal, c’est très important pour arrêter, pour pas faire à d’autres ce que vous n’aimeriez pas qu’on vous fasse.

Jean-Noël Vergnes, REC 2021, 18 septembre 2021. Table ronde Idées reçues autour du corps humain [18:10].

A la fin de cette série d’affirmations, les deux invité·es partagent leur conclusion. Voici la conclusion de Jean-Noël Vergnes, qui redit l’importance de ‘se mettre à la place de l’autre’ :

La conclusion que je proposerai, c’est, vous, les enfants, vous êtes les futurs adultes de demain, donc, c’est de revenir un peu sur ce que l’on disait au début, de penser aux autres, en termes de relation, et en termes de ce que vous n’aimeriez pas que l’on vous fasse, d’être ouvert, d’être heureux dans la vie, en étant curieux, en critiquant positivement et négativement les informations qu’on vous donne, et encore une fois, de retenir que, la santé, votre santé, elle vous appartient, et c’est un capital qu’il est bon de préserver pour vivre heureux le plus longtemps possible.

Jean-Noël Vergnes, REC 2021, 18 septembre 2021. Table ronde Idées reçues autour du corps humain [44:50].

Fantine conclut à son tour en insistant elle aussi sur l’importance de la curiosité, en invitant les enfants à se poser des questions. Voilà son propos :

Je vais insister sur le côté de la curiosité, on voit souvent des dérives sur les pseudo-sciences, les pseudo-médecines que je vous invite d’ailleurs à découvrir avec un atelier qui sera [à Diogara] à 16 h et à 17 h, c’est souvent dû à une méconnaissance du corps humain, alors, les enfants, posez-vous des questions sur comment ça marche, pourquoi on pète, pourquoi on baille, qu’est-ce qu’il se passe quand je mange quelque chose, où ça part, le pipi, c’est fait de quoi, et puis, mon zizi il sert à quoi, posez-vous des questions, demandez à…, désolée papa et maman, demandez à papa et maman, posez-vous des questions, soyez curieux, découvrez votre corps, et voilà soyez curieux d’apprendre, parce que c’est en sachant comment votre corps fonctionne que vous saurez comment le préserver, comment en prendre soin, parce qu’un corps, on n’en un qu’un seul et puis une fois qu’il est cassé, il a parfois un petit peu du mal à se réparer, donc il faut bien en prendre soin, c’est comme ses jouets.

Fantine, REC 2021, 18 septembre 2021. Table ronde Idées reçues autour du corps humain [45:30].

Après cette table ronde dans l’hémicycle, je décide de rejoindre l’amphithéâtre pour écouter une autre table ronde sur la santé intitulée sobrement : Esprit critique et santé.

3.5. Esprit critique et santé

Après avoir fait le tour du centre Diagora pour voir différents ateliers installés aux quatre coins de ce grand espace culturel, je retourne à l’amphithéâtre pour assister à la table ronde suivante, dont voici le lien Youtube : Esprit critique et santé. Les invité·es de cette table ronde sont Thibaut Fiolet, créateur de la chaîne Quoi dans mon assiette, Fantine, créatrice de la chaîne Fantine et Hippocrate, Dominique Pon, responsable ministériel du numérique en santé, Dr Jérôme Marti, médecin généraliste et président UFML et Marc Gozlan, médecin et journaliste scientifique.

REC2021 – Conf N°6 : esprit critique et santé.

De cette table ronde, je retiens principalement quatre points :

  1. Le projet de plateforme numérique pour la santé présenté par Dominique Pon, avec cœur et désarroi,
    • Un état des lieux catastrophique sur la relation patient et données personnelles numériques : éparpillées et pas faciles d’accès,
    • Un manque d’efforts collectifs pour travailler ensemble avec la même vision humaniste de la santé,
    • Partage d’une analogie avec le code urbanisme pour que l’État puisse être efficace et jouer son rôle, pour notamment redonner confiance aux gens.
  2. Les critiques sur la gestion de la pandémie du COVID-19 en France,
    • Comment cela s’est passé en cabinet ? Plutôt mal…
    • Admettre, accepter que l’on ne sait pas, visiblement on ne sait pas faire…,
    • Prendre le temps de construire le soin avec le patient,
    • Mauvaise communication sur la contamination du coronavirus : mains (gel) # air (masques),
    • L’intervention du professeur Raoult qui a fait énormément de tort (applaudissements dans la salle),
    • Pas de clip simple tournant en boucle pour expliquer le fonctionnement du vaccin à ARN messager (applaudissements dans la salle).
  3. La faiblesse des journalistes généralistes en sciences,
    • Un naufrage médiatique, un cafouillage et une misère de l’information,
    • Pas de journaliste scientifique dans les chaînes info,
    • Paresse intellectuelle des médias,
    • Un combat entre « rassuristes » et « alarmistes »,
    • Où est l’obligation du devoir de vérité pour les journalistes ?
  4. Le rôle des scientifiques dans l’espace public.
    • Absence de communication (de masse) de l’INSERM et du CNRS.
    • Augmenter les manifestations « grand public » comme le REC pour mettre en lumière la science (applaudissements de la salle),
    • Comment faire pour que les médias ne produisent pas de la fausse information ?
    • Les scientifiques doivent-ils boycotter ou aller au charbon vis-à-vis des complotistes, des dénigreurs ?

En filigrane, le sujet de la prochaine table ronde a été abordé : comment enseigner l’esprit critique ? Comment faire naître le doute et déclencher la démarche de s’assurer de la véracité de ce que l’on apprend ? Des compétences sont donc à acquérir et / ou à consolider. C’est l’objet de la prochaine table ronde intitulée Esprit critique et éducation.

3.6. Esprit critique et éducation

Après une petite pause, c’est l’heure d’une nouvelle table ronde mettant l’accent sur l’enseignement de l’esprit critique, dont je partage ci-dessous le lien Youtube : Esprit critique et éducation. Les intervenants de cette table ronde sont Jean-Michel Abrassart, podcast Scepticisme scientifique, Bertrand Monthubert, ancien président de l’UPS Toulouse 3, Philippe Hubert, responsable du groupe Esprit critique, science et médias de l’IRES-UT3 et Denis Caroti, professeur certifié, doctorant, cofondateur du Cortex (Collectif de Recherche Transdisciplinaire Esprit Critique et Sciences).

REC2021 – Conf N°7 : esprit critique et éducation.

Voici les éléments essentiels, les propos partagés par les invité que je retiens personnellement au sujet de cette table ronde :

  • Défaut d’enseignement de l’épistémologie, c’est-à-dire la théorie de la connaissance et l’étude critique des sciences et les questions qui en découlent : comment sait-on qu’un savoir est vrai ? Pour toujours ? Comment le prouver ? Peut-on faire une connaissance sans passer par une démarche scientifique ?, etc.
  • Apprentissage transversal et non direct, approche trans-disciplinaire de l’esprit critique : pas de matière « Esprit critique » ou « Épistémologie », notamment dans l’enseignement secondaire (collèges et lycées).
  • Suggestion : utiliser les ressources pédagogiques existantes, notamment les associations et les universités populaires pour populariser l’esprit critique.
  • Peur de se poser des questions alors que ce comportement doit être la norme.
  • Attention à l’hyper critique, une maladie de l’esprit critique. Autant il ne faut pas croire à tout, il ne faut pas aussi douter de tout n’importe comment.
  • Les citoyen·nes sont à côté de la science et non partie prenante, acteurs et actrices à part entière (pour s’en saisir et la comprendre).

Après cette table ronde, j’enchaîne avec une nouvelle intitulée Esprit critique et information, qui constitue une suite logique de ses prédécesseuses.

3.7. Esprit critique et information

Pour cette nouvelle table ronde intitulée Esprit critique et information, les invité·es sont Divina Frau Meigs, professeure à l’Université de Paris III, en sciences de l’information et de la communication et en langues et littératures anglaises et anglo-saxonnes, Aude Favre, journaliste sur sa chaîne youtube WTFake, Vincent Flibustier, fondateur de Nordpresse, Xavier Lalu, journaliste indépendant, correspondant pour le journal Libération à Toulouse et Eric Valmir, secrétaire général de l’information du groupe Radio France.

Table ronde Esprit critique et information dans l’amphithéâtre du centre Diagora de Toulouse-Labège.
Sonia Kanclerski. Canon IXUS 220 HS. CC0.

Je partage ci-dessous le lien youtube de la table ronde : Esprit critique et information.

REC2021 – Conf N°8 : esprit critique et information.

Les conclusions que je retiens de cette table ronde Esprit critique et information sont les suivantes :

  • Les fake news et les rumeurs ont toujours existé mais le phénomène de la désinformation a explosé grâce au numérique.
  • La facilité à transmettre (n’importe qui peut créer un site web divulguant des données vraies ou fausses sur Internet et diffuser avec les réseaux sociaux) est venue concurrencer le travail des journalistes professionnel·les.
  • Deux conséquences de l’apparition de cette concurrence sont une baisse significative de la qualité de l’information et l’absence de filtre : les informations, les données ne sont plus vérifiées, sourcées alors que c’est précisément le cœur du travail des journalistes.
  • Le manque de journalistes scientifiques compétent·es dans les médias de masse.
  • Il y a une défiance du grand public à l’égard des médias, notamment ceux du service public où on continue à remettre en question leur indépendance. La suspicion est toujours là et n’aide pas à instaurer un climat de confiance.
  • Une solution : être transparent en montrant le travail des journalistes, les coulisses de comment se fait l’information, diffuser en masse le making-of du journalisme.
  • Prendre les deux événements : l’élection de Trump et la pandémie du COVID-19, comme des baffes salutaires, remettant en cause la manière de travailler et de diffuser auprès du grand public.
  • Actuellement, c’est donc une crise de défiance.

Ma journée aux REC 2021 prend fin avec cette table ronde. Je quitte le centre Diagora vers 18 h non sans avoir une dernière fois flâné dans le hall pour voir quelques ateliers associés à l’événement.

4. Mon rapport à l’esprit critique

Quel est mon rapport personnel à l’esprit critique ? Une liste de mots me vient aussitôt en tête. Parmi les premiers : doute, vérification, preuves, démarche scientifique, arguments, discussion, empathie, sources, confiance, rationalisme, obscurantisme, croyances, prêt-à-penser, dictons.

4.1. La notion de croyance

Et un jour l’être humain s’est mis à croire. Pour le pire… La croyance, c’est quelque chose de si facile, simple, accessible. Un prêt-à-penser tellement séduisant mais qui est en réalité fourbe, perfide, sournois. Notamment pour le vivre-ensemble.

Qu’est-ce qu’une croyance ? Pour répondre à cette question, j’ai assisté à un colloque zététique intitulé Espace et croyances contemporaines en février 2015. Lors d’une conférence du colloque, Éric Lowen, fondateur du Cercle Zététique de Toulouse de l’association ALDERAN, traite cette notion. Il y souligne que le mot croyance est d’usage courant, tellement commun qu’il est utilisé dans des sens très différents. Des sociologues peuvent par exemple l’employer pour désigner n’importe quelle idée et le mot désigne dans ce cas une idée qu’une personne a à l’esprit. Il n’y a alors pas de distinction entre la notion de croyance, d’idée, de connaissance, de savoir, de vérité. Toutes ces notions se retrouvent sur le même plan. Le mot croyance peut même être utilisé dans des sens contradictoires. Je souhaite partager des définitions sur la notion de croyance et sur le verbe croire.

Croyance ; c’est le mot commun qui désigne toute certitude sans preuve.

Définition proposée par le philosophe Alain, de son vrai nom Émile-Auguste Chartier, au début du XXe siècle.

La notion de croyance, c’est le fait pour une personne quelle qu’elle soit et peu importe le contenu de la croyance et de sa véracité, de prendre pour vrai une notion, qu’elle provienne de la science ou d’un cadre tout à fait farfelu, sans faire appel à la raison, à un travail de réflexion, ou sans chercher et utiliser des éléments objectifs qui permettraient d’appuyer cette affirmation. Le conférencier Éric Lowen revisite ainsi la définition d’Alain avec ces mots :

La croyance est toute idée prise pour vrai sans examen, sans avoir même aucun élément objectif pour la justifier.

Eric Lowen, définition tirée d’un colloque intitulé Espace et croyances contemporaines, 27 et 28 février 2015. Cercle Zététique de Toulouse.

Le conférencier précise que la notion de croyance n’est donc nullement liée à son contenu mais qu’il s’agit donc de l’attitude, de la posture intellectuelle de la personne qui croit, qui peut être présentée comme étant une forme de non-utilisation, de sous-utilisation, voire même de refus d’utilisation dans certains cas de ce que l’on peut appeler l’esprit critique, les facultés de raison, les capacités de l’esprit humain de pouvoir réfléchir aux notions données. La notion de croyance est une problématique universelle dans le fonctionnement de l’être humain.

Voici une définition du verbe croire :

Croire, c’est l’attitude qui consiste à prendre pour vrai une notion sans action de réflexion, sans processus de réflexion, et, dans certains cas, en dépit de l’absence totale d’informations objectives, d’éléments objectifs pour l’étayer.

Eric Lowen, définition tirée d’un colloque intitulé Espace et croyances contemporaines, 27 et 28 février 2015. Cercle Zététique de Toulouse.

Le conférencier ajoute aussi une remarque importante sur la croyance : on peut faire des croyances avec des choses vraies. La véracité de l’objet de la croyance n’est ainsi pas en cause.

Les informations que l’on nous donne peuvent être vraies mais si on n’y réfléchit pas dessus, si on se contente de les prendre pour vrai parce que le professeur, le maître, le conférencier, le ‘magister dixit’, le gourou, le maître à penser, le pape, le théologien, la personne que l’on aime le dit, à ce moment-là, on fait une croyance.

Eric Lowen, définition tirée d’un colloque intitulé Espace et croyances contemporaines, 27 et 28 février 2015. Cercle Zététique de Toulouse.

Avec mes mots, j’écris : ce qui fait la croyance, ce n’est pas l’objet de la croyance mais l’absence d’esprit critique, l’absence de doute, l’absence de réflexion de la personne qui font qu’elle en fait une croyance, même si l’objet de la croyance peut être vrai. Sauf que les conséquences peuvent être dramatiques lorsque les informations sont fausses…

Une conséquence directe est que les croyant·es pensent détenir une vérité, être dans le vrai. C’est pour cela que lorsqu’on évoque la notion de la croyance, on ne remet pas en cause la sincérité de la personne. C’est parce que la personne est sincère que les croyances marchent d’autant mieux. Comme si la sincérité était un gage de vérité. Alors que l’on peut rien en tirer !

La croyance est au départ un acte de non-utilisation des facultés cognitives, des capacités d’esprit critique, de doute, de libre-arbitre mais quand on adhère fortement à une croyance, celle-ci devient alors un étouffoir de l’esprit critique et des capacités de raison. La personne croyante devient autiste à toute explication rationnelle que l’on pourrait lui proposer.

De plus, pour ne pas arranger, on peut facilement adhérer à une croyance car elle joue sur des registres d’émotions, sur des convictions intérieures, parce qu’elle va finalement dans le sens de nos émotions et de notre ego. C’est aussi une des explications qui fait qu’une personne change rarement d’avis. Il suffit d’adhérer à une seule croyance pour ne pas prendre le recul nécessaire pour adopter les outils de l’esprit critique. C’est pourquoi je surligne qu’il est important d’avoir toujours le réflexe de mettre en doute, de vérifier ce que l’on apprend, sinon on ne peut jamais comprendre. Ne pas compter sur la fiabilité, la confiance de la personne et donc attention au biais cognitif de l’« argument d’autorité », dans un sens comme dans l’autre (ne pas en faire les frais mais ne pas aussi mettre en avant la valeur de sa propre parole).

4.2. Des outils utiles que j’utilise lors d’une discussion

Une approche utile dans une discussion est l’utilisation de la réfutation, un principe fondamental de la science. Pour que la réfutation puisse être utilisée, il faut que la discussion, le sujet, l’expérience repose sur une thèse que l’on puisse… réfuter. En effet, la science ne peut pas ainsi directement prouver l’inexistence de quelque chose. On ne peut pas prouver que la licorne bleue invisible n’existe pas car, ainsi formulée, l’hypothèse n’est pas réfutable. Par contre, on peut prouver que cette licorne bleue invisible n’a pas bâti la Tour Eiffel ou écrit la saga Harry Potter par exemple. On ne peut pas prouver que le Père-Noël est barbu ou pas, avec un costume rouge ou pas, mais on peut prouver qu’il n’apporte pas les cadeaux à tous les enfants du monde entier durant la nuit de Noël. On peut réfuter dès qu’une hypothèse émise est réfutable. On pourra alors conclure sur la véracité, la solidité de la thèse.

Une autre approche plus parlante et en pratique plus efficace selon moi : l’absurde. Généralement, quand on n’est pas d’accord avec une thèse, on s’oppose, on utilise des arguments pour l’affaiblir, ou même la discréditer, ce qui fait que le ton peut vite monter, le débat devenir houleux et la discussion une cacophonie. Pour éviter la virulence dans un échange ping-pong et apaiser la conversation, il peut être plus judicieux d’utiliser le raisonnement par l’absurde. Qu’est-ce qui se passerait si la thèse est vraie ? Plus l’objet de la thèse est farfelu, plus les conséquences sont grotesques et discréditent la thèse.

Deux outils utiles dans ma besace : la réfutation et l’absurde.

4.3. Une attention au vocabulaire

Je fais le constat qu’au fil du temps je me suis mise à ne pas aimer du tout le vocabulaire, l’espace sémantique de la notion de croyance. Je ne crois pas, jamais. Pareil pour la notion de foi. Le terme me déplaît profondément dans son usage. Je ne crois pas ce que je fais. Je suis sûre de ce que je fais et cela n’implique pas pour autant que je ne fasse pas d’erreur ! Ce n’est donc pas un manque d’humilité de ma part. Je souligne que mon action repose sur du solide, pas sur du rien ou du bancal. En cas de doute, je préfère utiliser « Je suis réservée, j’émets des réserves sur », « Je ne suis pas sûre , il n’est pas certain que ». De même, pour le mot foi, je n’aime pas utiliser l’expression « J’ai foi en ». Je lui préfère « J’ai confiance en ». Sans doute, je tiens à ne pas entretenir l’obscurantisme verbal, le flou dans mon choix des mots. L’attitude, la posture intellectuelle permettant de construire une connaissance fiable commence aussi par une attention avisée sur le vocabulaire utilisé.

5. Mon retour personnel sur l’événement

Cette première édition du REC 2021 est incontestablement un succès populaire avec un public familial et une belle qualité des conférences et des ateliers, avec des invité·es tout à fait pertinent·es dans leurs interventions pour une belle promotion de l’esprit critique. Je partage des éléments de réflexion, idées et autres suggestions ainsi qu’un album numérique.

5.1. Partage de quelques idées et suggestions

5.2. Le manque de visibilité des femmes

Je sais que cette question de société est polémique mais, et le mais est de taille, elle doit être questionnée si l’on souhaite construire un vivre-ensemble serein et paisible. Cette problématique est le manque de visibilité des femmes dans les événements scientifiques et culturels mixtes.

Quand j’assiste à un événement quel qu’il soit où j’ai le grave sentiment (comprendre grave comme pesant) qu’il manque des femmes et que le temps de parole est objectivement déséquilibré, mon estomac se noue et je sens mes viscères à l’envers. Surtout quand je constate que cela passe crème pour mes pairs, au masculin pluriel exclusif : je n’écoute aucune gêne ou dérangement ostensible et manifeste. Comme si les hommes légitimaient cet état ou, en tout cas, n’en faisaient pas un sujet prioritaire. Comment est-ce possible ?

La Formule 1 est un sport mixte depuis 45 ans mais aucune femme n’en fait. La science est une discipline mixte mais nous sommes en train de compter pour le vérifier.

Sonia Kanclerski, ingénieure développement, blog Pause-café chez Sonia, article REC 2021.

Comment transmettre, enseigner, éduquer à l’esprit critique lorsque l’on ne prend pas soi-même de recul, le recul nécessaire et suffisant, pour… prendre la mesure de cette question du vivre-ensemble ? Quelle crédibilité donner à un mouvement si on laisse cette question de la visibilité de côté ? Que dire à mes enfants ? Mon aîné et ma cadette regarderont vraisemblablement tôt ou tard des vidéos de l’événement. Je vais devoir une nouvelle fois expliquer la situation et le contexte de cette injustice et c’est pesant quand cette problématique arrive souvent…

Le manque de visibilité des femmes dans les événements scientifiques et culturels entretient l’idée que la science, c’est uniquement pour les hommes, et pas fait pour les femmes, et légitime cette idée.

Sonia Kanclerski, ingénieure développement, blog Pause-café chez Sonia, article REC 2021.

Je sais bien que la plupart des organisateurs sont… gentils et de bonne foi. On ne prend pas en main une mission en pensant à mal faire. On ne grandit pas avec l’idée de devenir un « fieffé couillon », ce n’est pas un projet de vie, on peut toutes et tous en convenir,… mais il n’empêche que le constat et les faits sont ce qu’ils sont. Il faut vraiment avoir en tête qu’actuellement la question de la visibilité est toujours inégalitaire et donc il est nécessaire d’en tenir compte au moment de constituer la liste des invité·es. Oui, ce n’est pas facile, mais vivre une injustice et en être témoin, est-ce facile ? Et surtout, est-ce juste pour les femmes scientifiques, et toutes les femmes en général, alors même qu’en France, elles étaient interdites d’étudier à l’université sans accord de leur mari jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale à cause d’une loi promulguée par… les hommes eux-mêmes ? Ainsi, pour être juste, il faut nécessairement agir en conséquence pour contrebalancer l’injustice. Au nom de la justice sociale.

Une clé ? Oui, elle a été d’ailleurs mentionnée durant la journée : l’empathie. Je partage la définition du psychologue américain Carl Rogers :

L’empathie consiste à saisir avec autant d’exactitude que possible, les références internes et les composantes émotionnelles d’une autre personne et à les comprendre comme si l’on était cette autre personne. Sans jamais perdre de vue le ‘comme si’.

Carl Rogers, Le développement de la personne, InterEditions, Dunod, 2005.

Puis je partage à présent la mienne en choisissant ‘mes mots pour le dire’ :

L’empathie est la faculté de pouvoir se mettre à la place d’une autre personne, découvrir ainsi son univers personnel, son état émotionnel, sa manière de pensée, son être dans sa globalité, avec son référentiel à elle, en mettant son ego de côté et sans être affecté·e par cette mise en relation.

Sonia Kanclerski, blog Pause-café chez Sonia, article Le développement de la personne, avril 2021.

Avec l’empathie, on ajoute ainsi à sa connaissance personnelle d’autres informations et connaissances provenant des autres personnes avec lesquelles on vit, contribuant grandement de cette manière à mieux mesurer les conséquences de ses décisions, de ses actions et aussi de ses silences et de ses « laisser-faire ».

Donc, je retiens une seule question comme point de départ pour faire avancer la problématique du point de vue des hommes : comment cela se fait que le manque de visibilité des femmes dans tous les domaines de l’espace public ne vous émeut pas en cas de ressenti de la compassion ou ne vous met pas au moins mal à l’aise avec l’utilisation de l’empathie ? On peut écouter ce paragraphe comme une invitation à s’interroger : questionnez-vous vous-même et questionnez les autres, les hommes ET les femmes, et en prenant garde au biais de confirmation.

Pour finir, ma suggestion ici est donc d’essayer d’approcher encore plus la parité dans le choix des invité·es.

5.3. Mes photos personnelles

A l’occasion de cette sortie, j’ai pris quelques photos avec mon fidèle petit appareil photo rouge, un CANON IXUS 220 HS, que je partage dans un petit album numérique les affichant avec Image gallery with zoom. Voici le lien de ce petit album numérique : http://albums.soniakanclerski.com/rec2021/fr/.

6. Et la suite ?

Les organisateurs ont publié et mis en ligne un retour sur le REC 2021 : https://www.rec2021.com/

On peut y trouver :

  • les remerciements des organisateurs,
  • un retour en photo sur la journée (le hall d’accueil, l’amphithéâtre, l’hémicycle, la place centrale pour les ateliers et expositions),
  • les liens youtube des vidéos des tables rondes adultes présentées par Boris Georgelin,
  • les liens youtube des vidéos des tables rondes enfants présentées par Aidan et Matias,
  • la soirée détente avec le burger Quiz Sceptique et le spectacle de Clément Freze « La séance »,
  • la liste des partenaires de l’événement.

Pour revoir la page web de l’événement REC 2021 : https://www.rec2021.com/rec2021/

En espérant sincèrement un REC V2.0 ! 🙂

(Bonne nouvelle : en fait, suite à un mail des organisateurs début octobre 2021, il y aura bien un REC 2022 !)

Zététiquement, Sonia Kanclerski

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