Paris. Maillé. Un lien historique. Le 25 août 1944 est une date connue dans les livres d’histoire comme marquant la Libération de Paris pendant la Seconde Guerre mondiale. Un autre événement s’est déroulé (tristement) ce jour-là : le massacre de Maillé, le meurtre de 124 des 500 habitants de la commune française de Maillé. Le village a également été incendié.
1. Mon lien personnel avec ce drame▲
Quel lien avec moi ? La sœur de ma grand-mère paternelle, Antonina Łabędź épouse Métais, habitant alors Maillé, a échappé avec son époux, André Métais, au massacre et fait partie des rares (et chanceux ?) survivants. Mais leur maison a été… incendiée. Elle proposera Sonia comme prénom à ma mère pour la naissance d’une jumelle… Moi.
Antonina Łabędź va mourir en 1983, son époux décédant deux ans plus tôt en 1981 ; j’ai alors 5 ans. Je vais m’interroger sur sa mort et aussi sur… sa vie. Une plaque va attirer mon attention :
Durant le deuil, l’envie de comprendre va alors me porter… Quand l’Histoire rencontre son histoire personnelle… L’Histoire peut devenir bien lourde quelquefois.
2. Informations sur ce massacre de civils▲
- Un documentaire a été diffusé récemment pour relater ce massacre, intitulé Maillé, un crime sans assassin, réalisé par Christophe Weber, diffusé dans l’émission Infrarouge, France 2, le 23 juin 2011. Je partage un lien web sur un extrait du film :
- Ce crime contre l’humanité est relaté sur une page web du site de la commune :
- La Maison du Souvenir de Maillé raconte l’histoire de Maillé, marquée par ce terrible drame (in)humain.
- Voir l’article Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_Maillé
- Une page web du site web officiel Les Médaillés Militaires LOCHES-NOUATRE est consacrée à cet épisode douloureux de l’Histoire de France : Maillé, ce village martyr qu’on avait oublié.
- Un monument a été érigé en mémoire des victimes dans le cimetière de Maillé pour rendre hommage aux victimes de la barbarie nazie. Pour ne pas oublier.
- Pour réparer le défaut de reconnaissance dans l’histoire de France, le président de la République française va en personne venir commémorer et rendre hommage aux victimes du massacre de Maillé le 25 août 2008. Ma mère sera présente dans la foule ce jour-là (si ma mémoire ne me fait pas défaut).
3. Un hasard incroyable▲
Au moment du drame, ma grand-mère paternelle, Marianna Łabędź épouse Kanclerski, la sœur d’Antonina, se trouve en Pologne où, juste avant le début de la guerre, elle a donné naissance à… mon père, Jean Kanclerski. Mon père n’a alors pas encore 5 ans : il naît le 27 juillet 1939 à Młynisko, petit village polonais se trouvant à ce moment-là près de la frontière germano-polonaise, soit à peine plus d’un mois avant que la Seconde Guerre mondiale n’éclate.
Młynisko, le village natal de mon père, qui est aussi celui de ma mère, qui naîtra 6 ans après la fin de la guerre en 1951, fait partie des premiers à essuyer les bombes de la Luftwaffe. Ainsi, Wieluń, situé à 15 km du village (et que je connais assez bien), a été la première ville polonaise à être victime de la Seconde Guerre mondiale.
Donc, par un hasard qui défierait les lois de la statistique, en fait « juste » une question de perception, merci la zététique :-D, une sœur Łabędź, Marianna, ma grand-mère paternelle a subi les premières bombes d’Hitler sur le sol polonais (pays natal de mes parents) et une autre sœur Łabędź, Antonina, a subi les dernières bombes sur le sol français (mon pays natal).
4. Un peu de géographie▲
Pour information, je suis née à Châtellerault dans la Vienne et j’ai passé toute mon enfance et mon adolescence à Descartes. Maillé est une ville située à environ 15 km de Descartes et Châtellerault à 25 km de Descartes.
Descartes aussi, situé pourtant dans la région Centre, n’était pas loin… d’une frontière : la ligne de démarcation y passait, séparant la France occupée de la France libre. D’ailleurs, une photo sur Wikipédia le rappelle :
5. Questionnements et transmissions▲
- C’est dans ce contexte que je décide conjointement (avec ma sœur Angélique et ma mère) de visiter le camp d’Auschwitz en 1991 lors d’un séjour en Pologne. J’ai aussi écrit un article concernant le souvenir de cette visite dans mon blog.
- Humanité, barbarie, rédemption, pardon, criminologie, victimologie… Cet acte criminel me fait me questionner sur beaucoup de notions.
- Pour finir, je partage un lien sur une vidéo qui traite de la question mémorielle, de la transmission, du devoir de mémoire, de l’oubli sur le massacre de Maillé :
La découverte de cette histoire familiale a ainsi considérablement influencé mon comportement ; elle m’a donné et me donne toujours l’envie de comprendre, d’aller à la rencontre… et cela continue aujourd’hui…