Source de l’image : 🔗 https://www.alderan-philo.org/activite/web-cafe-philo-que-serait-la-vie-sans-la-mort/ | |
Thème | Que serait la vie sans la mort ? |
Animation | UPP ALDERAN |
Date et horaires | le mardi 17 décembre 2024 de 20 h 30 à 22 h 30 |
Mots-clés | café, débat, vie, mort, évolution, processus, état, conscience, angoisse, représentation, euthanasie, suicide, fin de vie, santé, immortalité, éternité |
Information | Pour plus de détails sur le fonctionnement de l’événement, voir la page sur le WEB café philo. Je suis adhérente de l’association UPP ALDERAN à Toulouse. |
Introduction▲
Ce WEB café philo est un café philo « en ligne », « sur le web » où les participant·es se retrouvent dans une réunion Zoom à débattre sur un sujet connu à l’avance. Il constitue le premier café philo en ligne animé par l’association UPP ALDERAN car d’autres cafés philo existent en présentiel, comme le café philo Victor Schoelcher à Toulouse.
Le sujet du débat du jour porte sur la vie et la mort. La formulation de la question du soir est la suivante :
Que serait la vie sans la mort ?
WEB Café philo, UPP ALDERAN, mardi 17 décembre 2024.
Pour répondre à ce sujet vital, les participant·es ont durant le débat apporté des éléments de réponse que je vais essayer de retranscrire au mieux dans cet article.
1. Un sujet qui en rappelle un autre▲
Le thème du soir me fait rappeler celui d’un autre café philo, quelques… douze ans plus tôt… Le premier auquel j’ai personnellement participé en présentiel, c’était le mardi 06 novembre 2012 et le sujet était alors :
2. Un problème technique▲
Malheureusement pour moi, j’ai eu un problème de connexion à cette réunion zoom. J’ai fini par trouver la solution et pouvoir participer au débat mais avec une bonne demi-heure de retard. Je partage un conseil qui peut être utile en cas de souci de nature technique lors d’une visioconférence :
3. Idées et réflexions explorées durant le débat▲
3.1. Définition et caractéristiques de la vie▲
Qu’est-ce que la vie ? Je partage une définition de la vie selon Wikipédia et des caractéristiques ou propriétés fondamentales de la vie.
3.1.1. Définition de la vie selon Wikipédia▲
La vie est un phénomène naturel qui se manifeste à travers des structures matérielles appelées organismes vivants ou êtres vivants, caractérisées par leur activité autonome, leur capacité de reproduction et une grande complexité de leur structure interne. La vie n’a été observée que sur Terre mais il n’est pas impossible qu’elle existe ailleurs.
Wikipédia, l’encyclopédie libre, Vie, 18/01/2025.
3.1.2. Critères et propriétés fondamentales de la vie▲
Wikipédia, l’encyclopédie libre, Autres définitions de la vie, 18/01/2025.Dans L’aventure du vivant, le biologiste Joël de Rosnay énumère trois propriétés fondamentales :
- l’auto conservation (qui est la capacité des organismes à se maintenir en vie par l’assimilation, la nutrition, les réactions énergétiques de fermentation et de respiration) ;
- l’auto reproduction (leur possibilité de propager la vie) ;
- l’autorégulation (les fonctions de coordination, de synchronisation et de contrôle des réactions d’ensemble).
Il faut ajouter à ces trois propriétés la capacité des êtres vivants à évoluer.
Pour Steven A. Benner, pionnier de la biologie de synthèse, pour qu’un système moléculaire puisse être dit vivant, il faut qu’il remplisse cinq critères :
- capacité à renfermer de l’information ;
- capacité à transférer cette information à un autre système moléculaire ;
- capacité à faire quelque chose de cette information, qui puisse être retenu par la sélection naturelle ;
- capacité à évoluer ;
- autosuffisance, c’est-à-dire capacité à trouver des ressources pour survivre et se reproduire.
3.2. Une citation remarquable sur la vie▲
Durant le débat, j’ai partagé une citation sur la vie d’Henri Poincaré qui m’avait personnellement marquée lors de la lecture d’une de ses œuvres, remarquable à mes yeux donc :
L’histoire géologique nous montre que la vie n’est qu’un court épisode entre deux éternités de mort, et que, dans cet épisode même, la pensée consciente n’a duré et ne durera qu’un moment. La pensée n’est qu’un éclair au milieu d’une longue nuit, mais c’est cet éclair qui est tout.
Henri Poincaré, texte tiré du livre La Valeur de la Science.
3.3. Angoisses sur la finitude de la vie▲
- La question de la mort, de la fin de vie est angoissante. Pour faire face : oublier la finitude, se reconnecter à l’instant présent pour plus de sérénité.
- La représentation de la mort et son ressenti constituent une expérience personnelle, propre à la personne elle-même.
- L’angoisse de la mort vécue par les proches peut faire ressentir le sentiment d’impuissance, de l’angoisse par procuration.
- Cette peur de la mort peut être ressentie à cause de l’absurdité, l’absence de sens que l’on met dans la vie, dans la sienne et en général.
- Cette réflexion autour de la mort et de la vie survient souvent lors de l’apparition d’une grave maladie ou en fin de vie. En cas de souffrance insupportable, on en arrive, selon les circonstances, à penser au suicide ou à l’euthanasie, interruption volontaire de sa propre vie et un des droits humains. Pour ne pas vivre un enfer insupportable, ne pas être esclave de la vie. En ce sens, la mort est pensée comme une forme de liberté : choisir de mourir pour faire cesser l’état insupportable, « invivable ». On souhaite se libérer de la souffrance par absence d’autres choix.
- Éviter de penser la mort comme un aiguillon inconscient.
- « La grande tragédie, c’est d’être né·e. »
Durant le débat, j’ai partagé ma deuxième expérience personnelle vis-à-vis de la mort à l’âge de huit ans, après la mort de mon père, aboutissant à un questionnement sur les états modifiés de conscience : le sommeil, le coma, la perte de connaissance, la mort.
J’ai également fait part de ma sérénité personnelle quant à la finitude de la vie qui n’est pas un sujet angoissant pour moi, faisant la remarque objective que plus j’en connais sur le processus de la vie et ses différents aspects, plus je me trouve à l’aise, dans l’acceptation du « phénomène vie » et de sa « logique » fin.
3.4. Pourquoi pas l’immortalité ?▲
Le vivant sait faire des organismes immortels avec une immortalité endogène, la mortalité étant alors exogène (prédateurs, environnement hostile…). Pourquoi n’existe-t-il pas plus d’êtres vivants immortels ?
- La stratégie commune du phénomène de la vie est de passer par la mort et par la création de générations d’êtres vivants.
- La mort est un choix stratégique de la vie pour l’évolution et pouvoir s’adapter au mieux. La mort comme mutation naturelle.
- Les ressources sont limitées. Donc l’immortalité serait un problème pour la démographie et la quantité des ressources et de la biodiversité.
- La mort permet l’équilibre naturel qui maintient la vie sur Terre, la mort est utile à l’évolution.
Petit aparté
Dans le monde du vivant, il existe des organismes capables de vivre, d’évoluer dans des conditions extrêmes, ce qui leur permet d’être quasiment immortels, mais dans un cadre déterminé. On peut citer par exemple le tardigrade, la méduse Turritopsis dohrnii, la planaire et l’éponge de verre. Ce type d’immortalité est-elle souhaitable pour les êtres humains ? Pas certain…
3.5. Autres éléments de réflexion abordés durant le débat▲
- La vie est un processus ; la mort est un état, le dernier du processus qui a fait d’un organisme un être vivant.
- Il n’est pas facile de reconnaître la vie (voir le paragraphe sur les caractéristiques de la vie). Identifier des biosignatures est ainsi un défi de taille, notamment pour la recherche de la vie ailleurs dans l’Univers par exemple.
- Nous sommes biologiquement programmé·es pour mourir ; pareillement, le vieillissement est biologiquement acté.
- Le transhumanisme « homo deus » est une utopie, une absurdité.
- La finitude de la vie pose la question de la valeur d’une vie, un des thèmes de l’œuvre La condition humaine d’André Malraux.
Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie.
André Malraux, La condition humaine (1933)
- Une vie sans fin interroge le rapport à la novation : une vie éternelle impliquerait-il de pouvoir se renouveler sans cesse ?
L’éternité, c’est long, surtout vers la fin.
Franz Kafka, De quoi rire ? (tome 1) d’Honoré Bostel.
Je partage un lien sur une conférence intitulée Vivant et Vie, faisant partie de la série Les mots de la philosophie, animée par le conférencier Eric Lowen de l’association UPP ALDERAN :
3.6. La vie, la mort, l’immortalité dans la culture populaire▲
3.6.1. Un épisode de la série de science-fiction Star Trek : Voyager▲
Un épisode de la série de science-fiction Star Trek : Voyager, intitulé Suicide (Death wish en VO) aborde la question de l’immortalité et ses implications sur la vie via la souffrance d’un membre d’une race extraterrestre omnipotente : le continuum Q.
Je partage un autre lien sur cet épisode, en anglais : https://memory-alpha.fandom.com/wiki/Death_Wish_(episode) [EN]
Cet épisode est considéré comme l’un des meilleurs de la série pour le scénario et la qualité de son contenu (source : Den of Geek, Top 10 Star Trek: Voyager episodes [EN]). Fan de la saga Star Trek, je l’ai particulièrement apprécié.
3.6.2. Un épisode de la série de science-fiction The Orville▲
Un épisode de la série de science-fiction The Orville intitulé Le paradoxe de mortalité (Mortality Paradox en VO) traite également du sujet de l’immortalité et des implications sur la rapport à la vie, à la mort.
Dinal reveals she has been behind the illusions. The Orville disappears, and the team sees they never left the planet. Dinal is a descendant of a Kandar 1 visited by the Orville in 2420. Kelly had inadvertently created a religion among the primitive inhabitants. Since then, 50,000 years have passed on the planet, and the people have achieved immortality. Unfortunately, her people has become complacent with death and life. Dinal created illusions based on the team’s minds and subjected them to experiences of death. She shared their minds for fleeting moments to understand their experiences of mortality. She exhorts the Union to continue to grow and learn, then promises they will meet again.
Back on the Orville, Ed, Kelly, Bortus, and Gordon share drinks in the Mess Hall. They reflect on death and the inability to comprehend non-existence. While Bortus accepts death with stoicism, Ed admits he wishes he could live forever « to see what happens. »
The Orville, S03E03: Mortality Paradox
Ma traduction personnelle en français
Dinal révèle qu’elle est à l’origine des illusions. L’Orville disparaît et l’équipe constate qu’ils n’ont jamais quitté la planète. Dinal est une descendante des habitants de la planète Kandar 1 explorée par l’Orville en 2420. Kelly avait par inadvertance créé une religion parmi les habitants primitifs. Depuis lors, 50 000 ans se sont écoulés sur la planète et les gens ont atteint l’immortalité. Malheureusement, son peuple est devenu complaisant avec la mort et la vie. Dinal a créé des illusions basées sur les esprits de l’équipe et les a soumis à des expériences de mort. Elle a partagé leurs esprits pendant de brefs moments pour comprendre leurs expériences de mortalité. Elle exhorte l’Union à continuer de grandir et d’apprendre, puis promet qu’ils se rencontreront à nouveau.
De retour à bord de l’Orville, Ed, Kelly, Bortus et Gordon partagent un verre au mess. Ils réfléchissent à la mort et à l’incapacité de comprendre la non-existence. Alors que Bortus accepte la mort avec stoïcisme, Ed admet qu’il aimerait pouvoir vivre éternellement « pour voir ce qui se passe ».
The Orville, S03E03 : Le Paradoxe de mortalité (Mortality Paradox in VO)
Pour moi aussi, « savoir ce qu’il va advenir » est une raison qui pourrait m’intéresser à vivre éternellement.
3.6.3. Autres œuvres mentionnées▲
Conclusion▲
Une réponse possible à la question posée par le débat de ce soir pourrait se formuler ainsi :
Que serait la vie sans la mort ? La vie serait toujours la vie ; elle aurait d’autres saveurs, d’autres perspectives.
WEB café philo, Que serait la vie sans la mort ?, Pause-café chez Sonia, 20 janvier 2025.